À Kisangani, les professeurs d’université et leurs familles deviennent, contre toute attente, des cibles privilégiées de bandits armés qui opèrent principalement la nuit.
Lors d’un point de presse tenu ce lundi 22 décembre 2025 au bâtiment du Centre Monaco, le professeur Jean-Pierre Lifoli, président de l’Association des Professeurs de l’Université de Kisangani (APUKIS), a tiré la sonnette d’alarme face à la recrudescence des attaques armées visant directement les enseignants.
Le président de l’APUKIS a révélé qu’environ dix professeurs ont déjà été victimes de braquages à main armée depuis le début de l’année 2025. Fait particulièrement inquiétant, la majorité de ces agressions se sont produites au cours des dix derniers jours.
Les enseignants vivent dans la peur
« Aujourd’hui, les professeurs ne savent plus travailler en paix, ni à l’université, ni à domicile », a déclaré le professeur Jean-Pierre Lifoli, entouré des membres du comité de l’APUKIS. Selon lui, l’insécurité actuelle constitue un danger réel pour l’enseignement supérieur et universitaire dans la province de la Tshopo.
Des hommes armés s’en prennent aux professeurs, à leurs familles et à leurs biens.
Parmi les cas recensés, un professeur du bloc Lumbulumbu, dans la commune de Mangobo, a été grièvement blessé à la tête à coups de machette et demeure hospitalisé.
Au quartier Kongakonga, un autre enseignant a été attaqué à son domicile : argent et téléphones emportés, un enfant braqué pour indiquer la chambre des parents. La même parcelle a encore été visée le soir même, avant l’intervention de la police.
D’autres attaques ont été signalées chez le professeur émérite Benoît Deda, ainsi que chez les professeurs Sifa et Kakuletakwa, dont les portes ont été défoncées. Plusieurs tentatives ont toutefois été déjouées de justesse, grâce à la présence policière ou à l’alerte donnée par des chiens.
À l’IFA Yangambi aussi, deux professeurs ont également été agressés cette semaine : l’un a vu tout son matériel de construction emporté, tandis que l’autre a perdu plus de 8 000 dollars américains.
L’APUKIS déplore la libération rapide de criminels, parfois sous prétexte de l’absence de plaignants.
Pourtant, a rappelé le professeur Lifoli, un criminel récidiviste armé, impliqué dans l’attaque d’un professeur, a été présenté lors de la parade hebdomadaire de la police tenue ce lundi.
Face à cette situation alarmante, l’APUKIS exige :
une protection effective des professeurs et de leurs familles ; un renforcement des moyens logistiques et humains de la police ;
une justice plus rigoureuse, mettant fin à l’impunité, la sensibilisation des familles afin de décourager les jeunes impliqués dans ces actes criminels ; et l’indemnisation de toutes les victimes pour les pertes matérielles subies.
Les professeurs préviennent : si l’insécurité persiste, un arrêt des enseignements n’est pas à exclure, comme ce fut le cas en 2019, année marquée par des agressions similaires.
Cette fois, le danger est jugé plus grave encore, car ce sont des hommes armés qui ciblent directement les intellectuels et formateurs des élites du pays.
L’APUKIS appelle les autorités provinciales et nationales à une réponse urgente, mais aussi les étudiants, les familles et les citoyens à s’impliquer dans la surveillance communautaire et la dénonciation des criminels.
« Protéger les professeurs, c’est protéger l’avenir de la province », a conclu le professeur Jean-Pierre Lifoli, en appelant l’opinion publique nationale et internationale à rester attentive à cette situation préoccupante.
Rédaction.
