La diffusion virale sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant des activistes d’un parti politique non identifié appelant au sabotage des paroisses catholiques et protestantes de Kinshasa ce dimanche 16 février 2025 a provoqué une onde de choc dans la capitale congolaise. Face à cette menace, les autorités politiques et religieuses se sont rapidement mobilisées pour condamner ces appels à la violence et rassurer la population.
Le gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba, a réaffirmé avec fermeté l’interdiction des rassemblements publics, en vigueur depuis le 28 janvier dernier. « Je rappelle que le communiqué suspendant les manifestations publiques est toujours d’actualité. Toute personne qui enfreindra cette mesure verra les forces de l’ordre prêtes à maîtriser toute forme de vandalisme et de troubles à l’ordre public », a-t-il déclaré, appelant au calme et à la vigilance.
Cette mesure avait été prise suite aux violentes manifestations spontanées qui avaient éclaté à Kinshasa après la prise de contrôle de la ville de Goma (Nord-Kivu) par les rebelles du M23, soutenus par l’armée rwandaise. Ces événements avaient notamment conduit à des attaques contre des ambassades, dont celles des États-Unis et du Rwanda.
Du côté religieux, l’Église catholique, par la voix du cardinal Fridolin Ambongo, a exhorté les fidèles à ne pas céder à la peur et à continuer de participer aux activités paroissiales. Dans un communiqué, le cardinal a appelé à la prière pour les habitants de l’Est du pays, victimes de la violence et de la cruauté.
« Vous avez suivi avec attention les menaces proférées contre nos églises par des personnes non identifiées. Son Éminence Fridolin Cardinal Ambongo, notre Archevêque et Père, en est au courant et maintient le contact avec les autorités publiques en charge de la sécurité. En vous invitant à la prudence et à la vigilance, le Cardinal vous demande de ne pas céder aux intimidations. Rendez-vous demain à la messe dominicale pour offrir au Seigneur notre pays, la RD Congo. Vivre votre foi en toute liberté et sérénité est un droit inaliénable garanti par la Constitution congolaise », peut-on lire dans le communiqué.
Ces menaces surviennent dans un contexte tendu, marqué par les initiatives de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC) pour engager un dialogue avec les rebelles du M23 et le président rwandais Paul Kagame, dans l’espoir de rétablir la paix dans la sous-région. Ces démarches ont suscité des réactions hostiles de la part de certains groupes, qui voient d’un mauvais œil ces efforts de médiation.
En réponse à ces tensions, le chef de la police de Kinshasa a ordonné un déploiement massif de forces de l’ordre autour des paroisses pour prévenir tout acte de vandalisme ou de perturbation.
Alors que la population de Kinshasa se prépare à vivre un dimanche sous haute surveillance, les appels à la paix et à la prière résonnent plus fort que jamais. Dans un pays marqué par des décennies de conflits et d’instabilité, la défense de la liberté de culte et de la cohésion sociale reste un enjeu majeur.
Franck Yenga