Un pas décisif vient d’être franchi dans la lutte contre les violences basées sur le genre en République Démocratique du Congo. Ce mercredi 5 février 2025, la province de la Tshopo a vu l’installation officielle du tout premier pool provincial des magistrats points focaux sur le Protocole de Maputo, un événement qui marque une avancée majeure en matière de protection des droits des femmes.
La cérémonie s’est tenue dans la salle de l’hôtel Le Triangle, situé dans la commune de Makiso, sous l’initiative du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), en collaboration avec Action Justice Maintenant et avec le soutien de l’ONG IPAS.
Composé de 15 magistrats soigneusement sélectionnés sur base de leurs compétences, expérience et intégrité, ce premier pool a été mis en place après un renforcement de capacités spécifique.
Ces magistrats ont officiellement reçu leurs documents des mains de Maître Fabien Kiyimbi Muyololo, secrétaire administratif au cabinet du porte-parole national du CSM, un geste symbolique marquant le début effectif de leurs missions.
Dans son allocution, le Premier Président de la Cour d’Appel de la Tshopo et coordonnateur du pool, Dominique MANDE MUBIAYI, a souligné l’importance capitale du Protocole de Maputo, insistant sur la nécessité d’une application rigoureuse de ses dispositions :
« La promotion et la protection des droits des femmes dans la province de la Tshopo doivent être une priorité. Le Protocole de Maputo est un instrument juridique essentiel dans la lutte contre les discriminations et les violences basées sur le genre. Cependant, il ne suffit pas d’adopter des textes, il faut aussi veiller à leur application effective. C’est dans cet esprit que nous avons décidé de mettre en place ce pool des magistrats spécialisés, qui auront pour mission de veiller à l’application du Protocole de Maputo et d’offrir une assistance juridique aux femmes victimes de violences basées sur le genre.»
Il a également mis en avant la nécessité de renforcer l’accès à la justice pour les femmes et de lutter contre l’impunité des auteurs de violences basées sur le genre.
Adopté par la RDC et publié au Journal Officiel en 2018, le Protocole de Maputo constitue un cadre juridique majeur pour la protection des droits des femmes. Il prévoit notamment des dispositions sur la santé reproductive, y compris l’accès à l’avortement médicalisé dans des cas spécifiques :
Lorsque la vie de la femme est en danger,
En cas de grossesse résultant d’un viol, d’un inceste ou d’une agression sexuelle.
Des missions stratégiques pour le pool des magistrats points focaux
Le pool nouvellement installé aura pour mission :
La sensibilisation des acteurs judiciaires et de la population sur le Protocole de Maputo et les droits des femmes,
L’offre d’une assistance juridique aux femmes victimes de violences,
L’accompagnement des victimes en matière de santé reproductive,
Le suivi des cas de violations des droits des femmes, y compris les violences sexuelles et les complications liées aux avortements non sécurisés.
Prenant la parole au nom du gouvernement provincial, CT Valentin Bolekaleka Singa, Directeur de cabinet du ministre provincial de la Fonction publique et intérimaire de la ministre du Genre, a salué cette initiative et réaffirmé l’engagement des autorités provinciales :
«Il est de notre devoir de garantir la mise en œuvre de ce protocole afin que toutes les femmes de la province de la Tshopo puissent vivre dans la dignité et la sécurité. Ce pool représente un espoir immense et un outil précieux pour renforcer l’accès à la justice et améliorer la prise en charge des victimes.»
Il a également insisté sur la nécessité d’une collaboration étroite entre ce pool de magistrats et les autres organisations, afin de créer un environnement plus sûr et plus juste pour les femmes ainsi que les prestataires de soins de la Tshopo.
Avec l’installation de ce premier pool des magistrats points focaux, la RDC réaffirme son engagement à traduire en actions concrètes les principes du Protocole de Maputo. Cette initiative ouvre la voie à une meilleure prise en charge des victimes, un accès plus large à la justice et un renforcement de la lutte contre les violences basées sur le genre.
LEHANI SALUMU DAVID.