Face aux récents accords signés entre le gouvernement congolais, le Rwanda et l'AFC-M23, le mouvement citoyen Filimbi exprime ses profondes inquiétudes et fixe clairement les limites à ne pas franchir pour garantir une paix juste et durable en République Démocratique du Congo.
Depuis plus de trois décennies, l'Est du pays est le théâtre de violences armées récurrentes. Pour Filimbi, chaque processus de réconciliation bâclé, mené sans véritable justice ni réforme structurelle, n’a fait que fragiliser les institutions, encourager l’impunité et alimenter la prolifération des rébellions.
Dans un communiqué musclé publié ce week-end, Filimbi dénonce les deux accords distincts, signés en quelques jours, entre Kinshasa, Kigali et le mouvement rebelle AFC-M23.
Selon le mouvement, ces démarches, largement influencées par des pressions régionales et internationales, notamment des États-Unis et du Qatar
« reproduisent un schéma bien connu : celui où la violence armée est récompensée au détriment de la souveraineté nationale, de la justice pour les victimes et de l'intégrité des institutions congolaises ».
Conscient des aspirations profondes des populations meurtries par des décennies de conflit, Filimbi dresse plusieurs lignes rouges non négociables :
Non au mixage et à l’intégration politique des groupes armés :
Le mouvement rappelle que l'expérience du post-accord de 2009 a gravement affaibli l'armée congolaise, favorisant sabotages et désaffections internes. La RDC a besoin d'une armée unifiée, loyale et fondée sur des principes républicains.
Pas d’amnistie pour les crimes graves :
La justice est, selon Filimbi, la condition sine qua non d'une paix durable. Les crimes contre l'humanité, viols de masse et massacres ne peuvent être effacés par de simples arrangements politiques sans encourager de nouvelles violences.
Refus de toute reconnaissance politique du M23 :
Reconnaître ce groupe armé reviendrait à cautionner la loi de la force au détriment du choix démocratique du peuple, martèle Filimbi.
Souveraineté nationale non négociable :
L'intégrité territoriale de la RDC est sacrée. Toute tentative d'autonomie imposée par la force serait inacceptable, particulièrement alors que Bunagana, Goma et Bukavu restent sous occupation du M23 soutenu par le Rwanda et l'Ouganda.
Vérité, justice et réparations pour les victimes :
Ignorer les souffrances vécues par des millions de Congolais sous prétexte d'une paix immédiate serait un piège dangereux, insiste le mouvement.
Participation active de la société civile :
Filimbi dénonce les processus de paix "élitistes" tenus loin des populations. L’échec partiel du processus de Nairobi en 2022 est, selon eux, un exemple des conséquences d'une exclusion citoyenne.
Au-delà des critiques, Filimbi appelle l'ensemble des Congolais à la vigilance et à l'engagement actif pour défendre la souveraineté nationale, exiger la justice et préserver la dignité du peuple.
« La RDC a besoin d’une paix fondée sur la reconstruction et non sur la capitulation. Nous refusons que nos souffrances soient marchandées sur l'autel des intérêts géopolitiques », conclut le mouvement citoyen.
Rédaction.