Pourquoi le président Félix Tshisekedi refuse-t-il le dialogue national avec les forces sociales et politiques en interne ?
La construction d'une société solide repose sur la confiance mutuelle et un dialogue continu entre citoyens et acteurs politiques. En période de conflits, il est d'autant plus crucial de définir les rôles des différents acteurs, afin de favoriser un consensus qui permettra de faire face à l'ennemi commun.
Malheureusement, ce dialogue est souvent entravé par la méfiance et les intérêts personnels. Certains acteurs socio-économiques profitent de la crise actuelle et craignent de perdre leurs positions de pouvoir, ce qui les pousse à se radicaliser.
Il est paradoxal de constater que le président Tshisekedi accepte des initiatives de négociation venant de l'extérieur, comme celles de Nairobi, Luanda, Washington, Doha, et potentiellement Lomé, tout en refusant les propositions internes émanant de ses compatriotes. Ces dernières incluent des voix pacifiques issues de la CENCO-ECC et de la société civile, qui luttent sans violence.
Alors qu'il tente de séduire la communauté internationale, Tshisekedi montre une incapacité à rassembler son propre peuple autour d'une cause commune. Le dialogue ne devrait pas uniquement viser à partager des postes, mais à établir un climat de confiance, essentiel pour le bon fonctionnement d'une démocratie.
Les enjeux cruciaux du dialogue intercongolais
La demande de dialogue intercongolais découle de problèmes sérieux tels que la mauvaise gouvernance, l’instabilité institutionnelle et une détérioration aiguë de la situation sécuritaire et humanitaire dont le régime de Tshisekedi n'a pas su s'occuper.
Trois raisons majeures de ce refus
1. Instabilité personnelle: Le président Tshisekedi est la cible de nombreuses critiques, étant soupçonné d'être l'instigateur des troubles liés au M23 et d'avoir signé des accords contestés avec le Rwanda. Les questions de répression de l'espace civique et politique ainsi que les menaces de changements constitutionnels pèsent sur lui. Chaque sujet soulevé dans un dialogue pourrait le mettre en position de vulnérabilité face à ses opposants.
2. Stratégie de temporisation: En rejetant le dialogue, Tshisekedi prend le temps de se repositionner. Il pourrait espérer profiter d'un glissement de son mandat, similaire au passé de Kabila, en blâmant chacun pour les échecs gouvernementaux afin de rester au pouvoir.
3. Pression grandissante de l'opposition: Avec l'accumulation des critiques venant de l'opposition politique, de la rébellion, et des organisations de la société civile, les appels à sa démission et des poursuites judiciaires à son encontre se font de plus en plus pressants.
Devant ces défis, Tshisekedi utilise des stratégies de manipulation, se présentant comme une victime. Pourtant, il est évident que des solutions externes ne pourront pas résoudre les problèmes internes de la RDC. Le dialogue, malgré les divergences d'opinion et les critiques, demeure la voie la plus civilisée pour gérer les conflits. C'est par le partage d'idées et une exposition honnête des forces que la société pourra se reconstruire sans recourir à la violence.
Christophe Muyisa charges de réseau du mouvement citoyen Filimbi
