Lors des débats sur le budget de la République démocratique du congo, exercice 2025, tenus à l'assemblée nationale jeudi 31 octobre 2024, le député national et premier ministre honoraire Augustin Matata Ponyo, a interpellé la première Ministre sur un certain nombre d'aspects économiques non respectés dans l'élaboration du projet de budget de l'exercice 2025, rendant selon lui, son cadre macroéconomique irréalisable.
C'est entre autres, le taux d'inflation "fantaisiste" fixé à 9,2% alors qu'en 2024, il est déjà à 14% au mois d'octobre, le taux de change de 2954 FC pour un dollar américain, qu'il qualifie de "factice", la corruption qui caractérise la gouvernance actuelle du pays, la violation de l'indépendance de la Banque centrale du Congo, le déficit de leadership, "un taux de croissance appauvrissant" ainsi que le manque de soutenabilité de la dette publique.
Parlant de la Banque centrale du Congo, il fustige qu'elle soit inféodée au gouvernement.
"L'indépendance de la banque centrale est un élément très capitale.
Il y a une relation des causes à effets entre le degré de l'indépendance de la Banque centrale et le degré du développement. Tout le monde sait aujourd'hui que nous avons une banque centrale totalement inféodée au gouvernement qui exécute des dépenses en violation systématique de la loi qui organise le fonctionnement de la banque centrale. Que peut-on attendre de votre budget lorsque la banque centrale constitue une filiale du gouvernement ou de la présidence de la République", a questionné Augustin Matata Ponyo à la première ministre Judith Suminwa Tuluka.
L'élu de Kindu au Maniema, évoque également la grogne sociale provoquée par l'impaiement des agents et fonctionnaires de l'État. Selon lui, cette situation résulte du manque de leadership et de la bonne gouvernance.
" Le leadership garantie des institutions inclusives qui font cruellement défaut aujourd'hui. Lorsque l'administration publique est totalement en grève, lorsque les enseignants, les magistrats, les professeurs d'universités sont en grève, quels types d'institutions avons-nous pour pouvoir exécuter un budget qu'il soit en équilibre comme vous l'avez dit ici ?", a aussi demandé Augustin Matata Ponyo à la cheffe de l'exécutif national.
Un autre grand problème qu'il évoque est celui du niveau d'endettement du pays.
"La dette publique et le développement ont un lien direct. Nous sommes dans une situation d'endettement explosif, nocif qui hypothèque l'avenir des citoyens de ce pays. En six ans la dette publique a doublé de 5 milliards à près de 11 milliards. Pourtant le budget veille aussi à l'avenir de ceux qui ne sont pas encore nés ou ceux qui sont encore petits", rappelle Mapon à Judith Suminwa.
Le budget présenté aux élus Nationaux a un taux de croissance de 5.7%. Pour Augustin Matata Ponyo ce taux de croissance est appauvrissant. "La RDC, n'a pas besoin de 5.7 %, parce que ce taux n'est pas effectivement fondé sur des réformes. Il faut activer des réformes pour pouvoir espérer un taux de croissance qui soit developpementiste", a-t-il poursuivi.
Cet opposant du régime en place, a également appelé la première ministre à faire arrêter la corruption, devenue d'après lui, "un sport national" et le détournement de deniers publics. Mais également à bien appliquer le budget, faire un bon suivi et une bonne évaluation des indicateurs.
LEHANI SALUMU