Dans la chefferie des Andisoma, en territoire d’Irumu (province de l’Ituri), une situation alarmante menace l’avenir des enfants. Éric Musezo Mambabuwa, directeur de l’école primaire de Nyankunde, tire la sonnette d’alarme : la période de forte production de mangues détourne les élèves de leur scolarité, les poussant à abandonner les bancs de l’école pour les vergers et les marchés.
Chaque année, la récolte des mangues, fruit emblématique de la région, mobilise non seulement les agriculteurs, mais aussi de nombreux jeunes. Ce qui devrait être une ressource économique devient un facteur de déscolarisation massive. « Les enfants passent de plus en plus de temps à vendre des mangues au détriment de leurs études », déplore Mambabuwa. Cette tendance, selon lui, ne fait que s’aggraver, entraînant un taux d’absentéisme élevé et une baisse inquiétante des résultats scolaires.
Face à cette situation, le directeur appelle à une mobilisation générale. « Nous devons sensibiliser les parents et les élèves sur l’importance de la scolarisation et les dangers de l’abandon scolaire. L’éducation est un droit fondamental et un levier essentiel pour le développement de notre communauté », insiste-t-il.
Pour inverser la tendance, des initiatives concrètes sont nécessaires. Mambabuwa propose la mise en place de programmes de soutien scolaire et d’activités extrascolaires attractives pour retenir les élèves dans les salles de classe. Il suggère également une collaboration avec les acteurs économiques locaux afin de concilier les impératifs agricoles et éducatifs. « La communauté de Nyankunde doit s’unir pour faire de ses ressources naturelles un levier d’éducation plutôt qu’un obstacle », conclut-il.
Cette problématique soulève une question cruciale : comment transformer une richesse naturelle en opportunité éducative plutôt qu’en frein au développement ? La réponse réside peut-être dans une approche communautaire et innovante, où éducation et économie ne seraient plus en concurrence, mais complémentaires.
Jean Claude Baraka