En mission de redynamisation du Bureau des Inspecteurs des Droits de l’Homme (BIDH-RDC) dans la province de la Tshopo, Patrick Mupasa, Manager National de cette structure, a exprimé une vive inquiétude face à la montée inquiétante des actes de justice populaire, à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo.
Dans une déclaration ferme faite ce jeudi 12 juin 2025, Patrick Mupasa a dénoncé cette pratique barbare qui, selon lui, "viole gravement les droits fondamentaux de la personne humaine, notamment le droit à la vie", et ramène la société congolaise "des décennies en arrière".
« Brûler quelqu’un vif ou le lyncher ne répare rien, mais ajoute de nouvelles blessures à notre tissu social », a-t-il déclaré.
Le BIDH-RDC appelle la population à faire preuve de retenue et à se fier aux institutions judiciaires établies. "L’État congolais dispose de lois et de structures compétentes. Toute personne soupçonnée d’un crime, quel qu’il soit, doit être traduite devant la justice. C’est le seul moyen d’assurer un traitement équitable", a insisté Patrick Mupasa.
Le manager national du BIDH-RDC rappelle que la sécurité est une responsabilité partagée. Elle ne peut reposer uniquement sur les épaules du maire ou du gouverneur. Les chefs des dix maisons, les chefs de quartiers, les bourgmestres, les autorités communales, mais aussi les familles, ont tous un rôle crucial à jouer.
Les services de renseignement sont également pointés du doigt : "Ils doivent cesser de se focaliser sur des conflits domestiques ou des dettes privées et se concentrer sur la prévention des crimes violents", a-t-il martelé.
Le BIDH-RDC dénonce par ailleurs le traitement inégal des suspects selon leur origine. "Il est inadmissible qu’un voleur soit épargné parce qu’il est du quartier, alors qu’un autre, inconnu, est lynché ou brûlé vif. Tous les citoyens doivent être traités avec la même rigueur devant la loi", a-t-il déclaré.
Patrick Mupasa salue la rigueur des autorités judiciaires, en particulier celle du procureur de la République, mais appelle à plus de fermeté. Il réclame la fin des libérations provisoires abusives et propose le transfert des criminels condamnés vers des prisons éloignées, notamment à Makala à Kinshasa, afin de les soustraire à l’influence de leur environnement familial et local.
Le Bureau des Inspecteurs des Droits de l’Homme de la RDC, plaide pour une vaste campagne de sensibilisation impliquant tous les acteurs de la société : population, chefs de quartiers, autorités locales et services de sécurité. L’objectif est de rééduquer la population sur les dangers de la justice populaire et de restaurer une culture fondée sur le respect du droit, de la justice et de la paix.
LEHANI SALUMU DAVID.