C’est Jacques Issongo Mfutu, coordonnateur provincial de l’AJDDH à Kinshasa et Directeur Exécutif intérimaire, qui a animé cette conférence de presse tenue dans la salle de l’organisation à Kisangani. En mission spéciale dans la Tshopo, il a indiqué qu’il est venu suivre de près ce dossier qu’il qualifie de “procès politique”.
“Malgré l’arrestation et la condamnation injustes de notre camarade, l’AJDDH continue à travailler. Mais il est important de clarifier notre position sur cette affaire qui oppose notre Directeur Exécutif au Gouverneur de province, Monsieur Paulin Lendongolia Lebabonga, constitué partie civile”, a-t-il déclaré.
Pour l’AJDDH, la procédure judiciaire ayant conduit à la condamnation de Jedidia Mabela est expéditive et irrégulière.
L’organisation cite plusieurs manquements : absence de confrontation entre l’accusé et la partie civile, délivrance d’un mandat d’amener sans convocation préalable, application abusive du régime de flagrance sans motif valable, et absence de publicité des débats.
“Le plaignant ne s’est jamais présenté devant la cour. Aucune clameur publique n’a été constatée. Pire encore, des pressions extérieures ont pesé sur les juges, alors que le plaignant annonçait déjà publiquement la condamnation avant même le verdict. Tout cela traduit une instrumentalisation de la justice à des fins politiques”, a dénoncé Jacques Issongo.
L’AJDDH estime également que les accusations de diffamation ne tiennent pas, car Jedidia Mabela n’a cité aucun nom particulier dans ses commentaires, mais a simplement réagi à des informations publiées par les médias très bien connus sur la gestion de la province, tout en appelant l'assemblée provinciale à initier des contrôles parlementaires rigoureux.
Les avocats de Jedidia Mabela ont déjà interjeté appel et attendent la fixation de la date de la nouvelle audience. L’AJDDH espère que cette étape permettra à la justice “de se racheter et de prouver son indépendance”.
“Même le Président de la République a reconnu que la justice est malade. Ce dossier en est une preuve. Nous demandons aux autorités judiciaires d’assurer une procédure impartiale et indépendante, respectueuse du droit à la défense et des principes d’un procès équitable”, a plaidé le Directeur Exécutif intérimaire.
L’AJDDH dit observer un climat de peur et d’intimidation à Kisangani. Des militants et journalistes seraient victimes de menaces et de traques.
L’ONG appelle les autorités à garantir la sécurité des défenseurs des droits humains et des avocats impliqués dans le dossier.
Cette conférence de presse intervient au lendemain d’une marche pacifique réclamant la libération de Jedidia Mabela, organisée par le collectif des mouvements citoyens et des organisations de la société civile.
La manifestation, a été violemment réprimée par les forces de l’ordre.
L’AJDDH a condamné cette répression et exigé l’ouverture d’une enquête indépendante pour identifier les responsables et garantir la protection des militants.
“Avec cette condamnation et ces violences, la justice et les institutions ratent l’occasion de montrer leur impartialité. Nous espérons qu’à l’appel, la vérité triomphera”, a conclu Jacques Issongo Mfutu.
Rédaction.
