En séjour à Kisangani, chef-lieu de la province de la Tshopo, le Ministre d’État, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Guillaume Ngefa, poursuit ses consultations citoyennes.
Le patron de la Justice a prêté une oreille attentive à la voix des avocats du Barreau de la Tshopo, reçus vendredi 7 novembre à l’hôtel Congo Palace.
Face au Ministre, la délégation du Conseil de l’Ordre, n’a pas mâché ses mots.
Les avocats ont dressé un tableau sombre du fonctionnement de la justice dans le ressort de l’ex-Province Orientale et particulièrement dans la Tshopo. « La justice est malade », ont-ils martelé, reprenant à leur compte le constat déjà fait par le Chef de l’État.
Selon eux, les dysfonctionnements sont multiples : manque criant de juges, corruption endémique, lenteur des procédures, non-respect des délais de prononcé et vétusté des infrastructures judiciaires.
À cela s’ajoutent la complaisance de la chambre disciplinaire du Conseil supérieur de la magistrature, l’augmentation injustifiée des frais de consignation, passés de 10 à 50 dollars ainsi que les interférences dans l’exécution des décisions de justice.
Autant de maux qui, selon le Barreau, éloignent les citoyens de la justice et sapent la confiance du public dans les institutions.
Face à cette situation, le Barreau de la Tshopo plaide pour la mise en place d’une Commission de lutte contre la corruption et les antivaleurs, conformément à la circulaire du Bâtonnier national.
Son objectif, sera de restaurer la crédibilité de la justice par un engagement concret des avocats eux-mêmes. « Nous devons prêcher par l’exemple », a insisté Maître Patient Biselenge, l'un des membres de la délégation.
Deuxième sujet abordé : la gestion controversée du Fonds de Réparation et d’Indemnisation aux Victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC (FRIVAO).
Les avocats ont rappelé que ce fonds, créé pour indemniser les victimes de guerre, devait être géré par un comité issu de la société civile, comme le prévoit le décret fondateur.
Or, selon eux, le comité actuel, nommé par le Ministre Constant Mutamba, ne respecte plus cet esprit. Les avocats ont donc demandé un audit approfondi de cet établissement public et une restructuration urgente de sa direction.
Guillaume Ngefa, visiblement attentif, a salué le franc-parler du Barreau de la Tshopo.
Le Ministre de la Justice a promis de s’impliquer personnellement dans la recherche de solutions.
Il a par ailleurs averti : l’Ouganda pourrait suspendre le versement de la troisième tranche des indemnités si les soupçons de corruption persistent.
« La lutte contre la corruption sera mon cheval de bataille », a-t-il déclaré, appelant les avocats à être les premiers acteurs du changement.
La rencontre s’est déroulée dans une atmosphère conviviale et détendue, marquée par un dialogue ouvert et constructif.
Avant de se séparer, la délégation du Barreau a souhaité plein succès au Ministre dans sa mission délicate de redorer l’image de la justice congolaise. Guillaume Ngefa, pour sa part, a promis de rester à l’écoute des avocats et d’approfondir cette collaboration.
Rédaction.
