Judith Suminwa Tuluka, Première Ministre de la République Démocratique du Congo, a présidé une réunion de haut niveau au Centre pour le Dialogue Humanitaire Henri Dunant à Genève ce jeudi 20 novembre.
Cet événement a rassemblé des entreprises minières de premier plan à l'échelle mondiale, des acheteurs internationaux et divers intervenants clés des chaînes d'approvisionnement régionales, avec un accent sur la transparence et la lutte contre le trafic illégal dans le secteur minier.
Cette rencontre s'inscrit dans le cadre d'une stratégie plus vaste orchestrée par le Président Félix Tshisekedi. Lors de la récente Conférence de soutien à la paix et au développement, il a présenté un programme d'urgence ambitieux de 5 milliards USD destiné à la réhabilitation des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ce programme est prioritaire pour le gouvernement Suminwa, qui vise à établir un cadre politique, sécuritaire et économique qui favorise cette initiative.
Les pourparlers à Genève ont porté sur l'instauration d'un système de suivi des minerais plus rigoureux, afin de suivre leur parcours de l'extraction à l'exportation. L’objectif principal est d'éradiquer la contrebande des minerais « 3T » (tin, tungsten, tantalum) vers les pays limitrophes. Ce cadre contribue aux objectifs du Cadre d'Intégration Économique Régionale, fixant un objectif crucial : empêcher que le commerce illégal ne finance les groupes armés dans la région.
Louis Watum Kabamba, Ministre des Mines, a déploré des méthodes non transparentes qui menacent l’économie nationale et compromettent la paix en RDC. Il a insisté sur la nécessité de coordonner les efforts entre l'État, les investisseurs et les partenaires techniques pour garantir l'application des normes internationales.
« Il est temps d’arrêter cette hypocrisie. L’effort de traçabilité et de transparence doit être collectif, du site d’extraction jusqu’à la commercialisation » a-t-il déclaré, appelant à un engagement renforcé dans le respect des standards de l’OCDE et du CIRGL.
Alexandre Liebeskind, responsable de l'Afrique francophone au Centre pour le Dialogue Humanitaire, a mis en avant que cette approche est essentielle pour construire un « dividende de paix » durable. Selon lui, l'intégration économique régionale doit rendre la paix plus attrayante que le conflit, transformant les ressources minérales de la RDC en un levier fiscal significatif. Ce levier pourrait soutenir le développement des infrastructures nécessaires à la prospérité du pays.
Franck YENGA
