Les ONG Initiative pour la Protection des Droits de l’Homme et la Réinsertion (IPDHOR) et Patrice Emery Lumumba pour le Développement Communautaire, la Défense et la Promotion des Droits Humains (PELDDH), ont publié, ce jeudi 20 novembre 2025 à Kisangani, le résultat de leur enquête sur l’exploitation minière dans la Tshopo, qui se déroule dans un chaos presque total, loin du cadre légal censé la régir.
C’est dans la salle du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme que les deux organisations ont présenté les conclusions de leur enquête menée entre août et septembre 2025 dans les territoires de Bafwasende, Banalia, Basoko et Ubundu.
Selon Maître Simplice Kapipa, Directeur exécutif de PELDDH, cette étude constitue une vaste cartographie des sites d’extraction artisanale, semi-industrielle et industrielle opérant dans la province. L’objectif est de comprendre qui exploite, comment, et surtout avec quelles conséquences pour les populations locales.
Les enquêteurs ont visité plusieurs zones aurifères et diamantifères. Le constat est sans appel. La majorité des activités minières se déroule hors-la-loi, la richesse générée échappe aux habitants de la Tshopo.
Les communautés vivent dans la précarité malgré les ressources immenses de leur sous-sol.
Le rapport met en lumière un système minier infiltré par des acteurs externes, des coopératives fantômes et des creuseurs non enregistrés. Pire encore : Plusieurs sites sont sous le contrôle de réseaux politico-militaires : officiers des FARDC, députés nationaux et provinciaux, autorités coutumières et certains responsables provinciaux.
Des sujets étrangers, notamment dans l’orpaillage, seraient parrainés par ces acteurs influents, en violation totale du Code minier.
Une politisation extrême du secteur, qui prive l’État de ressources essentielles et expose les communautés à l’insécurité, à la corruption et aux abus.
Les ONG décrivent des conditions de travail alarmantes : Aucun contrat entre exploitants et travailleurs ; Salaires dérisoires ; Absence de sécurité sur des sites pourtant à haut risque ; Dégradation accélérée de l’environnement, avec déforestation massive et pollution des cours d’eau, dont certains deviennent impropres à la consommation.
L’opacité totale dans la chaîne de production empêche l’État de percevoir les taxes et redevances pourtant prévues par la loi.
Le résultat est alarmant : ni l’État, ni les populations ne bénéficient réellement de l’exploitation minière, alors que des millions de dollars circulent dans ce secteur.
L’enquête reconnaît de rares impacts positifs indirects : construction improvisée de salles de classe, ouverture de routes locales, quelques structures sanitaires rudimentaires.
Mais ces initiatives restent dérisoires face à l’ampleur des dégâts humains, économiques et environnementaux et ne compensent en rien le manque de redistribution équitable des richesses. Au regard de ces violations graves, les ONG IPDHOR et PELDDH adressent une série de recommandations fortes aux autorités nationales, provinciales et locales.
Rédaction.
