Dans cette province du nord-est de la République démocratique du Congo, la presse traverse une zone de turbulences, coincée entre reconnaissance officielle de son rôle dans la société et humiliations répétées qui compromettent son action. Des journalistes dénoncent une stigmatisation croissante, parfois alimentée par des propos d’autorités publiques censées protéger la liberté d’expression.
Tout est parti d’une sortie controversée attribuée au président de l’Assemblée provinciale lors d’un séjour à Watsa. Celui-ci aurait qualifié les journalistes de « mendiants », au moment même où ces derniers exerçaient leur mission d’informer. Une remarque jugée méprisante et profondément blessante par la profession, qui attend toujours des excuses officielles de l’élu provincial.
Face à cette dérive, le président intérimaire de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) section Haut-Uélé, Pascal Alangato Anga, a pris la parole. Il dénonce un climat d’intimidation où certains médias sont injustement accusés de parti pris.
« Je suis bouleversé par les discours récents où l’on qualifie certaines radios d’Isiro de ‘radios de 1000 collines’, simplement parce qu’elles couvrent les actions du gouvernement ou de l’Union sacrée de la Nation (USN). C’est inacceptable », a-t-il martelé.
Selon lui, plusieurs journalistes vivent désormais sous tension permanente : menaces voilées, pressions politiques, autocensure forcée. Certains professionnels ont dû se retirer momentanément de la scène médiatique par crainte de représailles.
Parmi les cas emblématiques, deux noms reviennent :
✓Dieu Merci Betima, animateur de l’émission « Table Ronde » sur la radio Nava, souvent sollicitée par les institutions publiques, aujourd’hui la cible de critiques et de suspicions.
✓Héritier Singba, rédacteur en chef de Radio Boboto Isiro et directeur de Vérité TV RDC, régulièrement accusé de parti pris en raison de ses analyses critiques.
Ces exemples traduisent un malaise profond qui fragilise l’écosystème médiatique du Haut-Uélé, déjà confronté à des difficultés matérielles et financières.
Dans son plaidoyer, Pascal Alangato insiste sur la nécessité d’un rapprochement entre médias et institutions publiques. « Seule une collaboration franche entre les services étatiques et les médias peut ramener la sérénité. La presse n’est pas l’ennemie, elle est un pilier de la démocratie », a-t-il rappelé.
Pour l’UNPC, il y a urgence : la liberté de la presse, socle de toute société démocratique, doit être défendue avec fermeté contre toute tentative de dénigrement ou d’intimidation.
Rédaction
