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Kinshasa : ces révélations accablantes de CREFDL sur les infrastructures routières

Le Centre des Recherches en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL) a publié samedi 9 novembre 2024, le rapport de son enquête menée sur la mise en œuvre des projets d’infrastructures routières dans la ville de Kinshasa. Et ce, dans le but de renforcer la transparence et la redevabilité des autorités dans la gestion des politiques publiques et  susciter un débat sur l’impact de la dépense publique sur le quotidien de la population.

Cette organisation s'est  focalisée sur les résultats de monitoring effectué sur  27 artères de la ville de Kinshasa, 
exécutées entre 2021 et 2023. Des projets inscrits dans deux programmes du Gouvernement. A savoir “Tshilejelu” et “zéro trou”.

 CREFDL dit avoir accédé à de nombreux documents 
pour analyser la cohérence des projets d’investissements et leur impact dans la vie socio-économique 
de la population vivant à Kinshasa. Ses enquêteurs ont également effectué de nombreuses visites des chantiers pendant six (6) mois en faisant des prélèvements des données techniques.

L’enquête révèle ce qui suit:

Des projets hors cadre 
budgétaire. CREFDL a découvert que, les marchés publics de l’ordre de 171millions 
de dollars américains ont été effectués pour 
moderniser la voirie urbaine de la ville de Kinshasa entre 2021 et 2023.

 Cette organisation relève que les projets de l’ordre de 70,5millions $ ont été déjà financé, soit 40,9% de taux de décaissement. De ce 
montant, il faut noter qu’environ 22,3 millions$ ont été payés pour financer la première phase du projet “Zéro trou’’ et près de 40 millions $ pour payer “Tshilejelu”. Par ailleurs, ces fonds ne sont pas retracés dans les Loi de finances 2021-2023, moins encore dans la reddition des comptes des années susmentionnées dit CREFDL.

 Le centre ajoute que, la reddition des comptes 2022 ne retrace que les fonds décaissés pour financer la route Elengesa, tronçon Mariano-Makala (2,5 millions $) et la route Yolo Médicale-Mombele à hauteur de 12 milliards CDF (6 millions $ pour 2,3 km).
Par ailleurs, ce financement ne tient nullement compte du Plan Directeur des transports urbains de la ville de Kinshasa. La tranche annuelle de financement reste faible et ne peut pas résorber les besoins exprimés par le secteur des infrastructures. 

CREFDL relève aussi l'Imbroglio qui existe autour de certains projets.
Il note avec inquiétude l’insertion dans le 
projet des tronçons ou avenues qui n’existent 
pas. Le cas de Tshilombo et Lunionzo, supposées 
dans la commune de Matete, qui ont été financées respectivement à hauteur de 1,7 millions $ et 1,3 millions $, soit un total de 3 millions $. Selon les 
habitants de Matete, Thilombo est un arrêt de bus et Lunionzo est le nom d’un hôpital. L’enquête a aussi relevé la double attribution d’un même marché à deux prestataires. Il s’agit de la réhabilitation de l’avenue Shaba (commune de Kasavubu) d’une longueur de 2 Km, qui a été attribuée au même moment à l’entreprise ABC et ensuite à CREC 7. Après analyse des données budgétaires, le projet a coûté 1,9 millions $ pour financer les mêmes travaux.Par ailleurs, les mêmes investigations ont renseigné que l’avenue Malandi (Matete) est le prolongement de la Boucle Pierre Mulele. Selon le constat fait sur terrain, les deux tronçons constituent deux projets différents. “Tshilejelu”, pour l’avenue Malandi et la Boucle Pierre MULELE pour “Zéro trou”. Ces deux projets, normalement devraient être combinés, selon la nature des travaux à exécuter pour éviter la confusion. D’autres observations ont démontré que la modernisation de l’avenue Kulumba (MasinaLimete) a été budgétisée à hauteur de 51,8 millions $ pour une longueur de 6,8 km et le marché à été attribué à SAFRIMEX dans le cadre d’un Partenariat Public-Privé. CREFDL constate que ce même projet a été proposé auparavant par le Gouvernement en 
2020 pour un montant total de 32 millions $. Ceci dégage l’écart de 19,8 millions$ entre les deux devis du projet. 

CREFDL révèle également l'Opacité dans la gestion des projets.Il note que le recours abusif à la procédure d’exception pour effectuer les marchés publics est l’une des conséquence de l’inefficacité de l’action 
publique. 

Le Non respect des cahiers de charge est aussi révélé.

 CREFDL note la non prise en compte du contrôle qualité des matériaux de construction tout au long du cycle de projets. Tous les ouvrages d’assainissement sont dimensionnés sans études préalables. L’absence de celles-ci entraîne la signature de plusieurs avenants au cours de l’exécution et le gaspillage des ressources publiques. Le contrôle et la surveillance des 
travaux sont faits sans appareils appropriés. La réception provisoire des travaux parfois ne se fait pas. Dans quelques cas d’exception, cela se fait sans tenir compte des normes, c’est-à-dire sans procès-verbal de livraison.
La nature des travaux réalisés ne correspond 
pas aux montants des travaux, pour certaines 
artères par exemple l’avenue Masikita (commune de Ngaliema). La vérification arithmétique du devis proposé par l’entreprise soulève quelques écarts considérables. 80% de la voirie réhabilitée ou construite, il y a deux ans, sont impraticables aujourd’hui malgré le décaissement de 70 millions $. L’éclairage public n’est pas pris en compte dans l’exécution des contrats. Les nids de poule ont refait surface, les caniveaux sont bouchés et la circulation à Kinshasa est devenue difficile. Ceci soulève la question de la gouvernance du secteur.


Rédaction.

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