Une analyse du CREFDL révèle un écart colossal entre la valeur des matières premières produites et les recettes perçues par l’État entre 2020 et 2022. Malgré une production record, seuls 17,5 % des revenus ont été captés, soulignant des dysfonctionnements majeurs et une transparence défaillante.
La République Démocratique du Congo (RDC), souvent qualifiée de "scandale géologique", a produit pour 71,3 milliards de dollars de matières premières (cuivre, cobalt, pétrole, etc.) entre 2020 et 2022. Pourtant, seulement 12,5 milliards de dollars (17,5 %) ont été versés au Trésor public, selon le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local (CREFDL). Un manque à gagner de 58,7 milliards de dollars, soit près de trois fois le budget annuel du pays, qui interroge sur la gestion des ressources nationales.
Des chiffres contradictoires et une transparence en berne
L’étude du CREFDL met en lumière des écarts inquiétants entre les déclarations gouvernementales et les données de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE). Par exemple :
- Les recettes minières déclarées par le gouvernement (12,6 milliards $) divergent de celles de l’ITIE (13,5 milliards $), soit un écart de 943 millions de dollars.
- Les revenus du Fonds Minier pour les Générations Futures (FOMIN) affichent un excédent inexpliqué de 94 millions de dollars par rapport aux déclarations officielles.
Un secteur minier dynamique, mais peu profitable pour l’État
Malgré une hausse de 50 % de la valeur des exportations minières (passée à 31,7 milliards $ en 2022), les recettes publiques stagnent. Le cobalt et le cuivre, dont la production a bondi de 159 % et 111 % respectivement, illustrent ce paradoxe : les cours mondiaux explosent, mais les bénéfices pour la RDC restent marginaux.
Abus et opacité : le FOMIN dans la tourmente
Le Fonds Minier pour les Générations Futures, censé sécuriser l’après-mine, est au cœur des critiques :
- 100 millions de dollars ont été irrégulièrement transférés au Trésor public pour des obligations d’État, selon un rapport de la Cour des Comptes.
- Seuls 252 millions de dollars sur les 346 millions perçus ont été déclarés à l’ITIE, alimentant les suspicions de détournement.
Recommandations : transparence et transformation locale
Le CREFDL appelle à :
1. Auditer la chaîne de recouvrement des revenus miniers pour identifier les fuites.
2. Accélérer la numérisation (via Isys-Régies et LOGIRAD) pour limiter les fraudes.
3. Transformer localement les matières premières pour maximiser les retombées.
L’urgence d’un sursaut
Alors que la RDC pourrait tirer pleinement profit de son sous-sol, l’opacité et les incohérences budgétaires privent le pays de ressources vitales pour son développement. Sans réforme drastique, le secteur extractif continuera de nourrir des inégalités plutôt que les caisses de l’État.
Rédaction.