La dépouille mortelle de Joël Mbiya Kanyinda, coordonnateur provincial du mouvement citoyen Filimbi, a été inhumée ce samedi 18 octobre 2025, au cimetière Paradiso, entre Terre et Lune, à Kisangani.
Décédé le 8 octobre dernier d’une crise cardiaque, après plusieurs jours passés en clandestinité, Joël Mbiya laisse derrière lui l’image d’un militant déterminé, passionné et profondément attaché aux idéaux de justice et de liberté.
Avant son inhumation, sa dépouille a été exposée dans la cour de la paroisse Saint Joseph, dans la commune de la Tshopo, où autorités, membres de la société civile, activistes, journalistes et proches sont venus, les larmes aux yeux, lui rendre un dernier hommage.
Les activistes de Filimbi et d’autres mouvements citoyens ont tenu à saluer la mémoire de leur camarade tombé, brandissant des banderoles et affiches sur lesquelles on pouvait lire :
« Un soldat est tombé, jamais nous ne t’oublierons, Un militant ne meurt jamais, il vit dans nos combats , L’activisme n’est pas un crime », Justice pour Joël Mbiya ,
ou encore : Kisangani veut du courant, de l’eau, des routes et de la sécurité ».
Dans le même élan, ils ont également réclamé la libération de leur camarade Jedidia Mabela, condamné à six mois de prison ferme, dénonçant ce qu’ils qualifient d’injustice flagrante.
« Joël n’était pas seulement un combattant pour la liberté, il était un symbole d’espoir, de dignité et de résistance », ont déclaré ses camarades dans leur oraison funèbre, la voix brisée par l’émotion.
Né dans des conditions modestes, Joël Mbiya s’était très tôt engagé dans la lutte pour la justice sociale et la participation citoyenne. Coordonnateur provincial du mouvement Filimbi, il incarnait cette nouvelle génération de jeunes congolais convaincus que le changement passe par la conscience et la mobilisation pacifique.
Créé en 2015 à Kinshasa, Filimbi qui signifie « le sifflet » en swahili est un mouvement citoyen œuvrant pour réveiller la conscience des Congolais, encourager la participation politique pacifique et promouvoir les valeurs démocratiques.
Malgré la répression, les arrestations arbitraires et les menaces, Joël Mbiya et ses camarades n’ont jamais reculé.
« Il savait qu’il risquait tout, sa liberté, sa vie. Mais il a continué, convaincu que la liberté ne se reçoit pas, elle se conquiert », ont rappelé ses proches.
Les participants ont salué la mémoire de Joël Mbiya aux côtés d’autres figures emblématiques de la lutte citoyenne congolaise, telles que Luc Nkulula, Rossi Mukendi et Floribert Chebeya, qualifiés de « martyrs de la liberté ».
« Nous ne sommes pas seulement réunis autour d’un cercueil, mais autour d’un idéal : celui de la liberté, de la justice et de la dignité humaine », ont dit les activistes dans leur oraison funèbre, dans une atmosphère de recueillement mêlée de colère et d’espoir.
Les activistes ont également dénoncé les « dérives autoritaires » et les « injustices sociales » qui continuent de miner le pays, appelant la jeunesse à poursuivre le combat.
« Que notre voix soit plus forte que la peur, que notre engagement soit plus fort que la haine », ont-ils scandé, poing levé.
Pour beaucoup, la mort de Joël Mbiya ne marque pas la fin, mais le continuum d’une lutte.
Ses camarades promettent de poursuivre le combat pour un Congo plus juste et plus humain, dans l’esprit de résistance et de courage qu’il incarnait.
« Joël vit à travers nos combats. Son rêve de liberté et de dignité continuera de guider notre génération », ont-ils juré, poing levé vers le ciel.
Avant l’inhumation, une messe de requiem a été célébrée à la paroisse Saint Joseph, où de nombreux fidèles, militants et autorités se sont rassemblés en prière pour accompagner « le soldat de la liberté » dans sa dernière demeure.
Rédaction