Le président congolais Félix-Antoine Tshisekedi participe aux échanges à distance via visioconférence, tandis que la Première ministre, Judith Suminwa Tuluka, représente le pays sur place, accompagnée de plusieurs hauts responsables du gouvernement, dont Aimé Boji Sangara, ministre d'État chargé du Budget, Didier Mazenga, ministre de l'Intégration régionale, et Crispin Mbadu, ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat.
Dès l'ouverture du sommet, les représentants des deux organisations régionales ont exprimé leur vive inquiétude face à la détérioration de la situation sécuritaire dans l'est de la RDC, notamment après la prise de contrôle de Goma par les forces armées rwandaises. Les appels en faveur d'un cessez-le-feu se sont multipliés, soulignant la nécessité d'une solution pacifique et durable à un conflit qui continue de ravager la région.
De nombreux chefs d'État et hauts responsables africains ont fait le déplacement jusqu'à Dar es Salaam, en Tanzanie, pour tenter de désamorcer cette crise qui ne cesse de s'aggraver. Ce sommet intervient alors que les processus de paix en cours, notamment ceux de Luanda et de Nairobi, ont jusqu'à présent produit des résultats mitigés.
L'invitation du président rwandais Paul Kagame à cette réunion a suscité de vives réactions. Après son boycott du sommet de Luanda, sa présence à Dar es Salaam est perçue par certains observateurs comme une provocation, au regard des accusations de « barbarie » portées contre son régime en raison des opérations militaires menées dans l'est de la RDC.
Les discussions en cours sont d'une importance capitale pour l'avenir de la région. L'objectif est d'harmoniser les positions de l'EAC et de la SADC afin de parvenir à des résolutions concrètes et applicables. Les décisions qui seront prises pourraient redéfinir les relations diplomatiques entre les pays voisins et déterminer les prochaines étapes vers un retour à la stabilité dans cette zone en proie à des conflits prolongés.
Les dirigeants africains affichent leur détermination à intensifier leurs efforts pour une résolution durable de la crise. Parmi les recommandations soumises à l'examen du sommet, plusieurs mesures immédiates et à moyen terme ont été proposées :
Mesures immédiates :
- Cessez-le-feu immédiat et inconditionnel, sous la supervision des chefs de la défense conjoints EAC-SADC.
- Réouverture de l'aéroport de Goma et des principaux axes routiers pour faciliter l’acheminement de l'aide humanitaire.
- Mise en place d’un plan de sécurisation de Goma et de ses environs.
- Rapatriement immédiat des dépouilles et des blessés.
- Mise en œuvre de mesures de confiance, impliquant un engagement sans condition des parties prenantes dans un dialogue inclusif.
- Reprise urgente du processus de Nairobi, avec un renforcement de la coordination avec le processus de Luanda.
- Mise en œuvre du Concept d’Opérations (CONops) pour neutraliser les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et lever les mesures défensives du Rwanda.
- Engagement dans un dialogue avec les groupes armés, y compris les rebelles du M23.
- Respect de l'intégrité territoriale de la RDC et des pays voisins.
- Facilitation de l’aide humanitaire, avec une mobilisation accrue des acteurs humanitaires.
- Lutte contre les discours haineux et les divisions communautaires.
- Réunion conjointe des chefs d’état-major de la Défense de l’EAC et de la SADC dans les cinq prochains jours pour définir les modalités techniques du cessez-le-feu.
Mesures à moyen terme :
- Rechercher des solutions durables aux causes profondes du conflit par le biais du dialogue politique.
- Élaborer un plan de retrait progressif des forces étrangères non invitées présentes sur le territoire congolais.
- Créer une équipe technique conjointe EAC-SADC pour assurer le suivi et la mise en œuvre des décisions prises.
Les résolutions issues de ce sommet seront déterminantes pour la suite des événements. Alors que les regards sont tournés vers Dar es Salaam, l’issue de ces discussions pourrait redéfinir l'équilibre régional et façonner l'avenir de la paix en République Démocratique du Congo.
Franck YENGA
