Plusieurs organisations de la société civile de la Tshopo, membres de la Fondation Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo (FOFAT), viennent de saisir la Cour de cassation, pour que celle-ci engage des poursuites judiciaires contre le docteur Mateus Kanga Londimo, président de l’Assemblée provinciale de la Tshopo.
Elles l’accusent de détournement présumé de 100.000 dollars américains, issus du Fonds de Réparation et d’Indemnisation aux Victimes des activités illicites de l’Ouganda en RDC (FRIVAO).
Ce vendredi 7 novembre 2025, une délégation conduite par Gabriel Isaula, coordonnateur provincial de la FOFAT, et Justin Aradjabu, président national de l’Association des Artisans Transporteurs du Congo (AATC), s’est rendue au parquet général près la Cour d’appel de la Tshopo.
Les plaignants ont déposé une copie de leur plainte adressée au Procureur général près la Cour de cassation à Kinshasa/Gombe.
Dans cette correspondance, les organisations dénoncent l’utilisation présumée illégale d’une partie des 200.000 dollars américains donnés par FRIVAO pour la réhabilitation du bâtiment administratif de l’Assemblée provinciale de la Tshopo.
Elles affirment que le président de l’Assemblée a reconnu publiquement avoir partagé une partie de ces fonds avec ses collègues députés provinciaux, comme en témoignent plusieurs vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux.
Dans ces vidéos, le docteur Mateus Kanga Londimo déclare : « Nous avons détourné avec tous les députés, car il y a leurs signatures. »
Pour les plaignants, ces propos constituent des aveux publics de détournement de deniers publics, au sens de l’article 145 du Code pénal congolais. Ils dénoncent également un abus de pouvoir, réprimé par l’article 180 du même code.
Selon eux, ces faits violent les dispositions du décret du 13 décembre 2019 portant création du FRIVAO et contredisent la vision du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, axée sur la lutte contre la corruption et l’impunité.
S’exprimant devant la presse après le dépôt de la copie de la plainte, Gabriel Isaula a rappelé que l’Assemblée provinciale de la Tshopo avait été considérée comme victime des atrocités commises par l’armée ougandaise à Kisangani.
Le FRIVAO avait donc octroyé 200.000 dollars pour la réhabilitation de son siège.
Mais selon lui, seulement 100.000 dollars ont été utilisés à cette fin, tandis que le reste avait été « partagé entre les députés » sur instruction du président de l’Assemblée.
« Le président Mateus Kanga a reconnu publiquement s’être partagé ces fonds avec les députés. Il y a des vidéos de ses aveux. Nous voulons que la justice fasse son travail. Nul n’est au-dessus de la loi », a martelé Gabriel Isaula.
Il a également souligné l’incohérence du traitement judiciaire des affaires de détournement : « Le coordonnateur national intérimaire du FRIVAO et même le ministre de la Justice, Constant Mutamba, sont poursuivis pour des faits similaires. Pourquoi pas lui ? »
Les organisations signataires disent agir au nom de la population de la Tshopo, estimant que la Cour de cassation, en tant que juge naturel du président de l’Assemblée provinciale, doit se saisir du dossier sans délai.
Elles demandent l’ouverture d’une enquête judiciaire rigoureuse afin que « les fonds des victimes des guerres ne soient pas transformés en butin politique ».
« Le Chef de l’État prône un État de droit. Nous croyons que la justice fera correctement son travail, même si le coupable est président d’une institution. Il doit répondre de ses actes comme tout citoyen », a conclu le coordonnateur de la FOFAT.
Rédaction.
